Coups de cœur

Les coups de cœur de Charlotte

L’adieu aux armes, Hemingway, 1929

Troisième roman de celui qui affirme que Paris est une fête – on voit bien qu’il est américain.
Je n’avais pas aimé ses mots auparavant : c’est une histoire d’amour, cette fois, un militaire, une infirmière, pendant la Première guerre mondiale. Ce n’est pas franchement original mais je suis une sentimentale, donc j’ouvre les pages.
L’histoire prend du temps, beaucoup de temps à se mettre en place ; c’est long, ça ne se termine jamais, j’en ai un peu ma claque mais je tente de garder le fil du livre.
Et vlan, coup de tonnerre : ça y est, ce livre me plait, je comprends que l’adieu aux armes est avant tout un renoncement à tout bonheur humain. Je pleure, je ne m’arrête pas, je suis ridicule, pardon mais ces champs de bataille me font vomir, ils s’aiment, Frederic et Catherine, ils sont loin de chez eux mais ils trouvent en l’autre un chez nous.
Le rendu est pourtant froid, détaché des horreurs que le héros vit et voit. Ce détachement est sans doute intimement lié au passé de l’auteur, lui-même ambulancier en 1917.

C’est beau, c’est triste, c’est Hemingway.

Moi, j’aime pas la mer, 2004

Rieur, doux-amer, taquin et amoureux. Voici les mots qui résument ce petit roman de plage, trouvé par hasard dans une boîte à livre de mon village.
C’est autobiographique : l’amour de Françoise Xenakis la traîne sur ce kayak, tous les étés, sur cette mer qu’elle déteste, elle parcoure des centaines de kilomètres autour de cette île qu’elle ne peut plus voir, elle le dit, elle l’aime mais elle l’emmerde, son génie mégalomane qui lui sert de mari.
Le style est décousu, Francoise ne perd pas le Nord une seule seconde.
Face à ce mari fantasque et passionné, elle garde la tête bien ancrée sur ses deux épaules fines qui équilibrent ce couple. Elle grogne, elle geint, merde mais qu’il lui foute la paix avec sa vieille barque. Et pourtant, force passive, Françoise est résistante à tous les dangers. Elle n’aime pas la mer mais y retourne sans cesse et nous démonte les préjugés d’un couple avec ses jolis mots charabia.
Pièce cynique de l’amour conjugal, « moi, j’aime pas la mer » m’a plu et m’a conquise. A lire en face de la Méditerranée, un verre de rosé à la main, une cigarette dans l’autre et un sourire complice sur le visage.